Besoin d'aide ? [pv Mia R. Horiga]

Bien qu'on ne puisse distinguer jour et nuit dans cette cité souterraine, le soleil éclatait de ses beaux rayons à la surface. On devait être sur le coup de midi. Généralement, Lynda était de repos à cette période de la journée, travaillant exclusivement le soir en tant que garde. Mais alors ? Que faisait-elle, sillonnant les ruelles de Sanguinem à une heure pareille ? En réalité, c'était son mari qui l'envoyait auprès d'une noble vampire, pour une certaine « affaire urgente », lui avait-il précisé.

Il semblerait que cette noble vampire avait besoin de ses services. Mais pourquoi Lynda en particulier ? Elle n'avait plus rien d'exceptionnel, si ce n'était qu'être l'épouse d'un noble, et encore. Progressant dans la ville, Lynda se posait la question en boucle, dans sa petite tête. Se grattant les cheveux, elle réfléchissait à toutes éventualités. Elle manquait cruellement d'information pour définir la raison de sa visite. De plus, elle ne connaissait la fameuse noble que de nom : Mia Rose Horiga.

- Horiga… Horiga… Origan ? Se permit-elle de pouffer tout en arrivant dans une place de la ville.

Il y avait beaucoup d'enfants. En effet, le bétail ne dormait pas encore et les rues n'étaient pas très calmes. Cette agitation était bien étrangère à Lynda, elle qui avait l'habitude du calme et du silence nocturne…

Cependant, contrairement à ce qu'on pourrait croire d'un vampire, elle n'était pas spécialement affecté. Un peu d'animation ne lui faisait pas de mal, bien au contraire. Contrairement à ses aristocrates qui pétaient bien plus haut que leur fessier, Lynda ne voyait pas l'intérêt de sermonner des humains sous prétexte qu'ils étaient bruyants. Le vampire est un être bien irritable et « fragile » quand on y pense.

Lynda passa à côté de cette petite foule humaine, ne leur accordant guère plus d'attention. Après tout, les choses urgeaient un peu. Sortant sa montre à gousset, la vampire constata qu'elle était en retard à son rendez-vous. Esquissant une moue, elle fit un bon pour atterrir sur les toits d'une maison. Par les airs, elle irait bien plus vite.

Malheureusement, elle s'était perdue en route, n'arrivant plus à se situer sur la carte dessinée par Lorenz. Quelle poisse…

Une heure de retard, elle avait fait fort. L'envie de toquer à la porte lui manquait beaucoup aussi. « Entrer pour se faire sermonner, non merci ! » songea Lynda tout en secouant sa tête de gauche à droite. Pourtant il fallait bien qu'elle fasse cela… Quelque part, elle préférait de loin se faire remonter par une inconnue que le petit Lorenz qui l'attendait de pied ferme à la maison. Oh que oui.

- Allez, un peu de courage ma vieille…

Lynda se décida donc à toquer à la grande porte en verre, encadrée de bois précieux. La bâtisse était grande et ressemblait beaucoup à un manoir. Avant d'arriver jusqu'à l'entrée, la vampire avait dû traverser un somptueux jardin. Il était même étonnant d'en voir un, aussi vert, alors qu'il se trouvait en sous-sol.

Un majordome – oui, oui – vint lui ouvrir. Le saluant respectueusement et se présentant, le vampire invita Lynda à entrer. L'intérieur était aussi impressionnant que les extérieurs. Les murs et salles qu'elle avait eu vaguement le temps de voir, étaient chichement décorés, de quoi faire des envieux. Pas un seul grain de poussière, que du beau, que du neuf et du brillant. C'en était presque… Effrayant. C'était trop « parfait » quelque part… Et la perfection, ça, Lynda ne l'appréciait pas des masses…

Enfin, après avoir fait très certainement une visite de l'ensemble du manoir – du moins c'était l'impression qui en ressortait – le majordome s'arrêta devant une porte en bois d'ébène. Il se tourna vers son invitée et fit une petite révérence en ouvrant la porte.

- Vous trouverez madame dans son bureau. Vous pouvez entrer.

Lynda respira un bon coup et se tint droite. Elle avança doucement jusqu'à l'intérieur du dit bureau. Devant elle se trouvait un fauteuil tourné vers une fenêtre. La vampire ne pouvait voir qui s'y était assis, bien qu'elle se doutait de son identité.

- Bonjour, dame Horiga, je m'excuse pour mon retard des plus lamentables.

Elle marqua une pause avant de légère s'incliner.

- Je m'appelle Lynda Hohenwald et je suis envoyée par mon mari, monsieur Lorenz Hohenwald. Je suis venue pour vous offrir mes services dont vous semblez avoir fort besoin. Que puis-je faire pour vous, madame Horiga ?

   
   

Lynda resta semi-penchée, attendant qu'on l'invite à se redresser. Jetant un regard bien curieux vers le fauteuil, elle remarqua que ce dernier commença bouger. Il exerça une petite rotation et une personne de petite taille en sorti avant de se poster devant l'imposant bureau. La vampire leva légèrement la tête afin d'identifier un peu plus en détail son hôte du jour.

Elle retint un bruit d'étonnement en constatant qu'il ne s'agissait là, que d'une vampire à l'apparence enfantine au visage d'ange. Sa beauté et sa grâce forçait le respect, bien qu'elle semblait de petite taille, tout comme la grande reine vampire du Japon, Krul Tepes. Avaient-elles toutes deux un lien de parenté ? Rien n'était impossible, mais pour une raison qu'elle ignorait, Lynda se força à croire le contraire.

C'est alors que des bruits de pas s'approchèrent. Le maître des lieux s'approchait doucement de son invité, s'approchant même de très près. Elle pardonna le retard de Lynda, lui intimant l'ordre de se redresser. C'esr alors que Lynda pu juger qu'elle faisait un peu plus de deux tête de plus que la vampire. Elle aurait bien sourit à cette pensée, mais se retint encore une fois. Une erreur de politesse et elle le payerait cher en rentrant à sa demeure. Elle ne devait pas décevoir Lorenz, du moins, si elle tenait un peu à sa peau.

On pouvait lire une certaine malice sur le visage de Mia, ce qui ne présageait rien de bon…

La belle vampire se dirigea alors vers deux fauteuils. Lynda en déduit qu'elle devait la suivre jusqu'à ce coin de la pièce qui devait servir à la réception et aux réunions privées. Sur la table, deux verres remplis d'une substance bien rouge les attendaient. Cela était sans aucun doute du sang humain, certainement de première qualité, à en juger par l'odeur légèrement sucré qui s'en dégageait.

Mia invita Lynda à prendre place, ce qu'elle ne se priva pas de faire. Dans son élan, elle faillit prendre le verre pour en boire une gorgée. Mais encore une fois, il lui fallait patienter par politesse. Qu'est-ce qu'elle en avait marre de ces « politesses » qui ne servaient là, qu'à faire bonne impression… Lynda s'en serait bien passé sur le coup.

Croisant les jambes, elle se permit tout de même de poser ses coudes sur la tables, joignant ses mains et esquissant un fin sourire sur son visage.

- Je vois que vous êtes une fine connaisseuse en matière de sang, madame, se permit-elle de dire, brisant le silence qui s'était doucement mais sûrement installé. Mais venons-en plutôt aux faits…

Ne pouvant guère résister plus longtemps à la tentation, Lynda laissa sa main prendre le verre rempli de sang frais. Elle le fit tourner et l'analysa de la même manière que l'aurait fait un spécialiste du vin.

- Joli robe, ajouta-elle pour elle même avant d'en humer le contenu. Je pourrais le respirer sans m'en lasser…

Elle ferma un instant les yeux pour en savourer les arômes. Sucré et très légèrement acide. Voilà le sang qu'elle préférait parmi tous. Reposant délicatement le verre, elle reprit un regard plus sérieux. Oublions un peu les codes de politesse, cela devenait vite agaçant.

- Donc je disais, revenons-en au fait de ma présence en votre bel établissement. Pour quels services pourrais-je vous être utile, dame Horiga ? Ce sera avec le plus grand des plaisirs que je m'adonnerai aux tâches que vous me confierais, ne vous décevant nullement.

Voilà qui était bien gonflé de sa part, mais Lynda ne voulait pas spécialement attendre ou tourner autour du pot plus longtemps. Quitte à passer pour plus agressive qu'elle ne l'était, autant mettre les choses au clair et rapidement.